À Montpellier, une maison d’Église contre l’isolement urbain

Dans une ville à l’urbanisation galopante, L’Escale – Maison Saint-Jean Baptiste assure une présence catholique et un accueil bienveillant, via une offre riche d’activités.

Dans le quartier moderne de Port Marianne à Montpellier, seul un héron qui s’ébroue vient rompre le silence du bassin Jacques Cœur. Il est 10h et chacun a pris sa place dans les bureaux feutrés d’immeubles design, là où il y a quelques décennies à peine, il y avait encore des vignes. Le visiteur qui franchit la porte de l’Escale – Maison Saint-Jean-Baptiste, située au pied d’un immeuble d’habitation et signalée par une croix colorée, est tout de suite frappé par la joyeuse agitation. Pendant que le café coule et que certains discutent d’un futur groupe de prière pour les plus précaires, des rires fusent depuis l’atelier d’aquarelle. Conçue dans la lignée des maisons d’Église, ces nouvelles formes d’implantations ecclésiales au cœur des villes, L’Escale vient de fêter sa première année d’existence. Véronique Angevain, l’une des laïques en charge du projet porté par l’association paroissiale Saint Jean-Baptiste du Lez, s’attelle à définir un concept encore mouvant : « Nous ne sommes ni une annexe de la paroisse ni avons pour mission de ramener vers elle des personnes éloignées de l’Eglise. Nous sommes un lieu de vie de quartier et de vie chrétienne, qui essaie de répondre au besoin de vivre-ensemble de ses riverains ». 

Lire la suite en cliquant ci-dessous (La Vie du 12/03/2020)

Une rose blanche contre les extrémistes bouddhistes

© Thar Nge

En 2015, à Paris, des musulmans offraient des roses aux passants pour condamner l’attentat contre Charlie Hebdo et maintenir le lien. Des jeunes Birmans choqués par les attaques de fondamentalistes bouddhistes contre les musulmans ont repris l’idée avec succès.

 Ils sont arrivés à l’aube. Autour d’une table pliante, sous le soleil timide d’un matin d’hiver, une poignée de jeunes enlèvent avec soin les épines d’un monceau de roses. Puis un flot continu de familles, élégantes sous des ombrelles colorées, vient troubler le calme de la 59e  rue, dans le coeur du centre historique de Rangoun, capitale économique de la Birmanie.

UN SOURIRE ET UNE ROSE

 Aujourd’hui, elles célèbrent Mawlid, la naissance du prophète de l’Islam. Pour parer à l’affluence, des chaises en plastique et des écrans sont installés en dehors de la salle de prière de la mosquée. La première lecture terminée, six garçons et filles, pour moitié bouddhistes, entrent et distribuent des roses blanches aux fidèles musulmans en procession presque cérémonielle. Derrière chaque fleur tendue en guise de soutien, un sourire, une poignée de main, quelques mots échangés tout bas.

On a l’impression d’assister à la signature silencieuse d’une trêve…

Lire la suite de l’article ci-dessous (L’Echo magazine, février 2020)

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En Birmanie, l’artisanat offre un avenir durable aux familles précaires

© Thar Nge

L’entreprise de commerce équitable Pomelo forme des groupes de birmans marginalisés à la production et à la vente d’artisanat traditionnel et durable.

Les rickshaws soulèvent la poussière en klaxonnant dans un dédale de ruelles de terre. Les vendeurs de rue jouent des coudes pour proposer beignets et noix de bétel, protégés du soleil cuisant par des ombrelles colorées. Au cœur de Dala, petite ville située sur la rive sud du fleuve Yangon, en face du centre-ville de Rangoun, en Birmanie, se cache le repaire de l’association Chu Chu, qui valorise les déchets ménagers sous forme d’artisanat. À l’intérieur du local, bouteilles en verre et morceaux de polystyrène font office de fenêtres et de briques, le toit est fait de vieux pneus et
les abat-jour, de bambou et de plastique recyclé. Un joyeux bric-à-brac où s’affaire
Suan Hai, devant une machine à coudre…

Lire la suite en cliquant sur l’image ci-dessous (La Vie du 12/02/2020)

Yves Aubin de La Messuzière, un ambassadeur dans la tourmente

Diplomate français, expert du monde arabe, Yves Aubin de La Messuzière revient dans son ouvrage Profession diplomate sur sa carrière et les mutations du métier d’ambassadeur au cours des dernières décennies. 

Pour vous, l’ambassadeur d’aujourd’hui est « dans la tourmente». Aurait-t-il perdu son pouvoir de négociation, pourtant au cœur de sa mission ? 

Yves Aubin de La Messuzière : Le pouvoir des diplomates dépend étroitement des terrains d’action mais aussi de la dynamique insufflée au sommet de l’Etat. Jacques Chirac par exemple, appréciait beaucoup les ambassadeurs et les écoutait, ce qui n’était pas le cas de Nicolas Sarkozy, qui leur portait un certain mépris, considérant qu’ils étaient des exécutants. Aujourd’hui, il y a encore beaucoup de préjugés et d’ignorance sur le métier d’ambassadeur parmi les Français. Je me rappelle toujours d’une réflexion de Laurent Fabius : « Si vous ne donnez pas la priorité à l’économie, vous finirez par ressembler au Marquis de Norpois ». Il évoquait ce diplomate à la tasse de thé, au langage désuet et déblatérant des monceaux de sottises, personnage sorti d’A la recherche du temps perdu de Marcel Proust.  Image que se font beaucoup de Français d’un ambassadeur. Or, son rôle de négociateur est bien réel, surtout dans les situations de crise et de grande complexité.

Lorsque j’étais à Bagdad comme chargé des intérêts français – il n’y avait pas de représentation diplomatique à l’époque – je suis devenu un spécialiste des armes de destruction massive. Je suivais le travail des inspecteurs, ainsi que les questions d’acheminement de l’aide humanitaire, dans un pays sous embargo. A l’époque, il ne se passait pas un jour dans l’enceinte onusienne sans un débat sur l’une de ces deux questions. J’étais un acteur privilégié de la négociation, amenant Tarek Aziz et Sadam Hussein à accepter la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité, les persuadant que c’était dans leur intérêt d’ouvrir les palais présidentiels au contrôle des inspecteurs. Quelques années plus tard, c’est à nouveau les diplomates qui, en amont du célèbre discours de Dominique de Villepin à la tribune de l’ONU, ont fait un travail formidable auprès des membres du conseil de sécurité pour s’opposer au projet de résolution américano-britannique donnant l’aval à une intervention militaire en Irak. 

Vous évoquez la « diplomatie du téléphone» qui peut marginaliser les diplomates. Expliquez-nous. 

On observe depuis plusieurs décennies déjà que des situations de crise peuvent se résoudre par un coup de fil entre ministres et chefs d’Etat. Ces derniers sont aussi beaucoup plus mobiles. Emmanuel Macron a déjà presque fait le tour du monde, comme François Hollande l’avait fait avant lui. L’ambassadeur est souvent confronté à l’influence de la DGSE, du ministère de la défense, de Bercy et même de réseaux politico-financiers sur la diplomatie. C’était beaucoup le cas au moment de la Françafrique, les ambassadeurs du continent pouvaient être marginalisés. Pour autant sur le terrain, quand il s’agit de protéger les communautés françaises, d’obtenir des informations et échanger avec la société civile locale, l’ambassadeur est en première ligne. J’en ai fait l’expérience au Tchad. 

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Vents contraires sur l’éolien occitan

Le développement de l’industrie éolienne confronté à des protecteurs de la nature inquiets

L’Occitanie voit la transition énergétique en grand. La région ambitionne de devenir la première d’Europe à couvrir 100% de ses besoins énergétiques par la production locale d’énergies renouvelables à l’horizon 2050. Si le territoire, venté et ensoleillé, est particulièrement bien loti, relever le défi n’est pas une mince affaire. L’énergie éolienne couvre aujourd’hui l’équivalent de 8,5% de la consommation régionale. Avec le développement actuel, l’objectif -multiplier par 5 la production- serait ainsi atteint en 2140 !

Alors que les acteurs de la filière sont bien décidés à carburer, la valse des suspensions et annulations enraye la machine. « Il faudrait une levée des contraintes, une simplification des procédures administratives et relancer l’implication des services de l’Etat » analyse Mellyn Massebiau, déléguée régionale Occitanie de France Energie Eolienne. Compliqué alors qu’un vent de fronde souffle sur la filière.

Lire la suite ci-dessous (supplément de la Gazette de Montpellier n°1614)

L’écran méchant loup

Troubles de l’attention et du sommeil, addiction… La surexposition des enfants et des adolescents aux technologies numériques peut devenir un casse-tête. Comment mieux en encadrer l’usage ?

De l’agilité déconcertante avec laquelle les tout-petits manipulent la technologie, Mathilde a des exemples quotidiens. Lorsque son fils Marcel, 6 ans, parvient en quelques secondes à déverrouiller son Smartphone et à activer la lampe de poche là où elle avait échoué, elle dissimule difficilement ses sentiments mêlés de fierté et d’inquiétude : « Il n’essaye pas encore de tricher, mais il faudra vite mettre en place des systèmes de contrôle pour l’empêcher d’accéder à des contenus choquants. »

Jeux vidéo, poser les limites

À l’école aussi, le recours précoce aux écrans désarçonne les parents. « En CP, la maîtresse a mis en place des techniques éducatives qui passent par les tablettes, poursuit Mathilde. Je suis assez perplexe : c’est nécessaire, vu le monde dans lequel les enfants grandissent, mais ça me paraît tôt et ça génère le réflexe des écrans. » Un réflexe qui devient habitude. D’après Médiamétrie, 46% des 15-24 ans en France sont connectés sur leur Smartphone entre 18 heures et 22 heures. Confrontés à des mécanismes dont ils ignorent souvent les conséquences, les parents tergiversent. À plus forte raison face aux jeux vidéo.

Lire la suite dans La Vie n°3864 du 19 septembre 2019

Qui suis-je ?

Justine Hugues journaliste

Anciennement cadre dans l’humanitaire et le développement, j’ai passé près de 10 ans aux côtés d’ONG (ACTED, SOL, Action Contre la Faim, Croix-Rouge française), des Nations-Unies et du ministère de l’Europe et des affaires étrangères sur le sous continent latino caribéen (Mexique, Nicaragua, République dominicaine) et en Birmanie.

Reconvertie en journaliste, j’ai collaboré près de trois ans avec lepetitjournal.com, média des Français et francophones de l’étranger, traitant de problématiques liées à la mobilité internationale, la représentation politique des Français de l’étranger, le tourisme et l’immigration.

Aujourd’hui indépendante, je me passionne pour les problématiques liées à l’environnement, l’agriculture, les migrations et la justice sociale. Je veux documenter les alternatives à un modèle social et environnemental qui s’essouffle, aller à la rencontre de ceux qui créent le monde de demain.

Voyageuse invétérée, j’ai trainé mon sac à dos de l’ile de Pâques au Mozambique, en passant par la Jordanie, la Mongolie ou la Bolivie.

Après le chemin de l’exil, celui de l’école

Aux portes de Paris, à Saint-Denis (93), l’école Thot a mis au point un enseignement à destination des exilés, qui mêle cours de langue et accompagnement social, culturel et professionnel.

Quand je vois cette oeuvre, j’ai envie de sourire. Je la trouve douce », articule lentement Mohamad Moussa, devant une photo de La Joconde. Le Tchadien de 24 ans est arrivé à l’école Thot de Saint-Denis, il y a cinq mois, en ignorant tout de l’alphabet latin. Aujourd’hui, il copie consciencieusement ses réponses. « On ne s’en rend pas compte parce qu’on baigne dedans depuis toujours, mais notre façon d’enseigner et d’évaluer est hyper formatée. En plus de la langue, il y a tout un tas de codes à intégrer », explique Karine Richarme, professeure de français langue étrangère (FLE).

Thot, du nom de la divinité égyptienne du savoir, est l’une des rares associations d’Île-de-France à préparer les demandeurs d’asile et réfugiés aux diplômes de français, à travers des programmes intensifs et gratuits.

Lire la suite ci-dessous (article publié dans La Vie du 30/05/2019)

Justine Hugues Thot La Vie

“Les grâces passent entre les religions”

© Robert Kluba/ Réa pour La Vie

Depuis 2008, le Groupe d’amitié islamo-chrétienne organise une marche vers Chartres au printemps. Retour sur cette initiative qui fait écho à la nécessaire (re)construction d’une société ouverte et solidaire.

« Je ressentais le besoin de nous rassembler sur le temps long, autour de moments spirituels », se remémore Khaled Roumo, à quelques jours du départ, le 28 avril. C’est en 2007 que le poète et chercheur d’origine syrienne, encouragé par Norbert Ducrot, ex-président du Mouvement international des responsables chrétiens, et Hubert de Chergé, administrateur du Groupe d’amitié islamo-chrétienne (Gaic), a l’idée de lancer un pèlerinage vers Chartres, qui réunirait chrétiens et musulmans. Depuis lors, ce rassemblement, organisé dans le cadre du Gaic, réunit chaque année une centaine de pèlerins, catholiques et musulmans pour la très grande majorité, juifs et protestants dans une moindre mesure.

Sous le regard de Marie-Maryam

Le programme commence par une marche de 10 km au départ de Saint-Prest (Eure-et-Loir). « C’est sans complexe que l’on aborde des personnes que l’on ne connaît pas, et avec joie que l’on retrouve les participants des années précédentes », s’enthousiasme Hubert de Chergé. Lors d’une pause à mi-parcours, bercés par le bruit du cours d’eau qu’ils longent pendant près de deux heures, les pèlerins récitent des prières de l’Évangile et du Coran. 

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À Lyon, des Escales solidaires pour créer du lien et favoriser l’insertion

© Habitat et Humanisme

Dans les 3e et 6e arrondissements lyonnais, deux espaces accueillent les riverains autour de tables solidaires et ateliers d’accompagnement socioprofessionnel. Objectif : incarner le mot « mixité ».

« Partage et convivialité », peut-on lire en grosses lettres bleu roi sur la devanture. En jetant un œil curieux à l’intérieur, depuis la rue Tronchet du sixième arrondissement lyonnais, canapés colorés et plantes touffues, baignés dans la lumière chaude de suspensions en verre, nous invitent à entrer. Bienvenue à l’Escale solidaire du 6 ! Tous les « passagers » sont invités à descendre et prendre le temps d’échanger.

Imaginé par la branche rhodanienne de l’entreprise sociale Habitat et Humanisme, l’espace, inauguré en avril 2018, « vise à donner aux résidents de notre parc immobilier une place dans la société, qui va bien au-delà d’un endroit où dormir au chaud », selon Matthieu de Châlus, directeur général d’Habitat et Humanisme Rhône. Le tiers-lieu rejoint ainsi sa sœur ainée, l’Escale solidaire du 3, qui a ouvert ses portes il y a plus de 20 ans dans l’arrondissement voisin. « Derrière le mot escale, il y a l’idée d’un endroit où l’on vient se ressourcer, où on a toujours pied sur des mers agités et d’où l’on repart à l’aventure dans son chemin d’insertion », souligne le trentenaire.

D’après un rapport de la Fondation de France, 5 millions de personnes sont seules dans l’Hexagone et un Français sur 10 se sent exclu, abandonné ou inutile. L’Escale solidaire serait-elle la première marche pour sortir de l’isolement ? C’est en tout cas ce qu’ambitionnent la poignée de salariés et la centaine de bénévoles mobilisés sur le projet.

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