Une rose blanche contre les extrémistes bouddhistes

© Thar Nge

En 2015, à Paris, des musulmans offraient des roses aux passants pour condamner l’attentat contre Charlie Hebdo et maintenir le lien. Des jeunes Birmans choqués par les attaques de fondamentalistes bouddhistes contre les musulmans ont repris l’idée avec succès.

 Ils sont arrivés à l’aube. Autour d’une table pliante, sous le soleil timide d’un matin d’hiver, une poignée de jeunes enlèvent avec soin les épines d’un monceau de roses. Puis un flot continu de familles, élégantes sous des ombrelles colorées, vient troubler le calme de la 59e  rue, dans le coeur du centre historique de Rangoun, capitale économique de la Birmanie.

UN SOURIRE ET UNE ROSE

 Aujourd’hui, elles célèbrent Mawlid, la naissance du prophète de l’Islam. Pour parer à l’affluence, des chaises en plastique et des écrans sont installés en dehors de la salle de prière de la mosquée. La première lecture terminée, six garçons et filles, pour moitié bouddhistes, entrent et distribuent des roses blanches aux fidèles musulmans en procession presque cérémonielle. Derrière chaque fleur tendue en guise de soutien, un sourire, une poignée de main, quelques mots échangés tout bas.

On a l’impression d’assister à la signature silencieuse d’une trêve…

Lire la suite de l’article ci-dessous (L’Echo magazine, février 2020)

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En Birmanie, l’artisanat offre un avenir durable aux familles précaires

© Thar Nge

L’entreprise de commerce équitable Pomelo forme des groupes de birmans marginalisés à la production et à la vente d’artisanat traditionnel et durable.

Les rickshaws soulèvent la poussière en klaxonnant dans un dédale de ruelles de terre. Les vendeurs de rue jouent des coudes pour proposer beignets et noix de bétel, protégés du soleil cuisant par des ombrelles colorées. Au cœur de Dala, petite ville située sur la rive sud du fleuve Yangon, en face du centre-ville de Rangoun, en Birmanie, se cache le repaire de l’association Chu Chu, qui valorise les déchets ménagers sous forme d’artisanat. À l’intérieur du local, bouteilles en verre et morceaux de polystyrène font office de fenêtres et de briques, le toit est fait de vieux pneus et
les abat-jour, de bambou et de plastique recyclé. Un joyeux bric-à-brac où s’affaire
Suan Hai, devant une machine à coudre…

Lire la suite en cliquant sur l’image ci-dessous (La Vie du 12/02/2020)

En Birmanie, une école de la réconciliation

En Birmanie, l’association Center for Social Integrity sensibilise à la cohésion sociale des jeunes originaires de minorités ethniques vivant en zones de conflit.  Son ambition : en faire les leaders d’une nouvelle société pluraliste et démocratique.

Cho Cho May n’avait jamais quitté l’Arakan, sa région d’origine. Ce terrain d’un conflit ayant récemment forcé à l’exil près de 800 000 Rohingyas fait l’objet d’enquêtes internationales. Mais aujourd’hui, l’ambiance est à la fête. La jeune femme de 18 ans, issue de la minorité ethnique persécutée, monte avec assurance sur l’estrade d’un centre de conférences, au cœur d’un quartier moderne de Rangoon, capitale économique de la Birmanie.  Sous les flashs et les applaudissements, elle brandit, émue, son diplôme du « programme de leadership transformationnel ». Derrière cet intitulé, se cache un programme de l’association birmane Center for Social Integrity (CSI), visant à sensibiliser des jeunes issus de minorités ethniques birmanes au pluralisme et aux outils de médiation sociale. « Je suis fière du chemin parcouru, confie-t-elle. Avant, j’avais peur de m’exprimer. J’écoutais beaucoup les autres, incapable de décider par moi même. Maintenant, j’ai envie de faire tellement de choses et j’ai réalisé que croire en moi-même était la plus importante d’entre elles ».

Lire la suite ci-dessous (La Vie n°3879 du 2 janvier 2020)

Renaud Egreteau : l’histoire politique birmane expliquée de A à Z

Renaud Egreteau Birmanie
© UEC August 2015

Au royaume de la recherche universitaire française en Asie du Sud-Est, Renaud Egreteau fait parfois figure d’électron libre.  Son analyse critique des mouvements démocratiques birmans, dont la NLD, lui a également valu les foudres d’une organisation de défense des droits de l’Homme ayant pignon sur rue. Pourtant, ce jeune chercheur français est l’un des rares à étudier en profondeur ce qui se joue actuellement à l’intérieur des institutions birmanes à l’école de la démocratie. Le tout avec une pédagogie déconcertante pour des non initiés s’étant parfois cassé le nez sur des ouvrages difficiles d’accès.

Tout d’abord, revenons au commencement : votre rencontre avec la Birmanie. D’où vient votre intérêt pour ce pays qui occupera une place centrale dans votre vie de chercheur ?

J’ai découvert l’Asie pendant mon enfance, grâce à plusieurs voyages dans la région : Chine à la fin des années 1980, Japon, Sri Lanka, Inde, et Thaïlande au début des années 1990. Lorsque j’ai entamé mes études supérieures à la fin des années 1990, j’ai cherché à étoffer mes liens avec l’Asie et entamé à Paris un cycle à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO). Je me suis d’abord tourné vers l’Inde et sa langue majoritaire, l’Hindi. Puis, alors que je poursuivais mon cursus universitaire à Sciences Po Paris, une discussion avec l’enseignant qui allait devenir mon directeur de thèse, m’orienta vers l’étude des relations diplomatiques entre l’Inde et la Birmanie au tournant des années 2000. J’ai ainsi commencé l’exploration des territoires birmans à partir du sous-continent indien auquel la Birmanie doit tant de ses institutions politiques et traditions culturelles ou religieuses, et non de la Thaïlande et l’Asie du Sud-est, à l’instar de beaucoup de mes collègues. Depuis, tant mon parcours professionnel que personnel gravite autour de ce pays. 

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