Contre les projets écocides, les victoires se multiplient

Justine Hugues projets écocides

EuropaCity en 2019, Amazon au pont du Gard hier, les méga-bassines du marais poitevin demain ? Un peu partout en France, les luttes locales, au prix d’années de persévérance et d’inventivité, font échouer les projets qui grignotent les terres agricoles, assassinent les espèces protégées et crachent du CO2. Parce qu’il n’y a pas de petite victoire, à La Carmagnole (à Montpellier) ce 16 décembre, on a choisi de célébrer ces héros du quotidien, animés par une autre idée de l’avenir que celui du béton et de la surconsommation.

Assister, impuissant, à l’extinction de ses abeilles et la mort de son métier d’apiculteur, Patrick Genay ne pouvait s’y résoudre. C’est pourquoi quand il apprend, un peu par hasard il y a trois ans, qu’Amazon projette d’installer une plateforme logistique de 14 hectares à quelques encablures de ses ruches, il décide, avec une poignée d’habitants de Fournès (Gard), de « ne pas laisser faire ». « On a d’abord vérifié l’information et quand on s’est rendu compte qu’en plus, certains élus qui votaient pour le projet avaient des terres à vendre, la moutarde nous est monté au nez » se souvient-il. Commence pour Patrick l’apprentissage du militantisme. Des heures passées dans des réunions publiques, à éplucher la législation environnementale ou faire pression auprès des élus pour obtenir consultations et référendum. Avec un seul objectif en tête : faire capituler le GAFAM et son énième projet mortifère. 

Des habitants indignés

Dans le département voisin, à Saint-Clément-de-Rivière, Jean-Claude Carcenac vient de passer sept ans à s’opposer au projet Oxylane de Décathlon, qui menaçait de bétonner des terres agricoles pour y implanter un gigantesque centre commercial et de loisirs. « Même si c’est dur de rester motivé aussi longtemps alors qu’on est une dizaine de militants face à des intérêts économiques aussi grands, on tient par la conviction que notre combat est légitime et qu’on va dans le sens de l’histoire » explique-t-il. Tout comme Patrick et Jean-Claude, des milliers de personnes luttent aujourd’hui contre des projets d’artificialisation de terres agricoles et d’espaces naturels protégés. Jean-Ronan Le Pen, activiste écologique et co-fondateur de l’association ZEA, a récemment participé à une étude sociologique de 70 collectifs. Ce qui les rassemble ?

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Redonner ses plages d’or à la Méditerranée

Nettoyer 1000 km de côtes de la grande bleue à vélo et en kayak, à l’aide de collectes participatives, tel est l’objectif du projet Azur de l’association Tout sur ma mer.

Un parfum d’été plane sur la plage de l’Espiguette, dans le Gard. À l’heure où les baigneurs matinaux plantent leur parasol, une trentaine de riverains, pince à la main, écoutent en silence Anaelle expliquer le rôle des ganivelles, les clôtures plantées dans les dunes. La jeune femme de 27 ans a lancé le 30 mai la deuxième saison du projet Azur, une éco-aventure mêlant défi sportif et collectes citoyennes de déchets. Pendant l’été, jusqu’au 13 septembre, elle parcourra plus de 1000 km à vélo et en kayak, de Cerbère à Menton. Avec une obsession : ramasser le plus de déchets possible sur les plages et dans les flots. Et un combustible : l’énergie d’associations et de citoyens venus lui prêter main-forte.

« Sur ma route, je prends le temps de m’approprier le territoire et d’échanger avec ceux qui le font vivre. Je prends encore plus conscience de l’intérêt de protéger ces merveilleux endroits »

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À Montpellier, une maison d’Église contre l’isolement urbain

Dans une ville à l’urbanisation galopante, L’Escale – Maison Saint-Jean Baptiste assure une présence catholique et un accueil bienveillant, via une offre riche d’activités.

Dans le quartier moderne de Port Marianne à Montpellier, seul un héron qui s’ébroue vient rompre le silence du bassin Jacques Cœur. Il est 10h et chacun a pris sa place dans les bureaux feutrés d’immeubles design, là où il y a quelques décennies à peine, il y avait encore des vignes. Le visiteur qui franchit la porte de l’Escale – Maison Saint-Jean-Baptiste, située au pied d’un immeuble d’habitation et signalée par une croix colorée, est tout de suite frappé par la joyeuse agitation. Pendant que le café coule et que certains discutent d’un futur groupe de prière pour les plus précaires, des rires fusent depuis l’atelier d’aquarelle. Conçue dans la lignée des maisons d’Église, ces nouvelles formes d’implantations ecclésiales au cœur des villes, L’Escale vient de fêter sa première année d’existence. Véronique Angevain, l’une des laïques en charge du projet porté par l’association paroissiale Saint Jean-Baptiste du Lez, s’attelle à définir un concept encore mouvant : « Nous ne sommes ni une annexe de la paroisse ni avons pour mission de ramener vers elle des personnes éloignées de l’Eglise. Nous sommes un lieu de vie de quartier et de vie chrétienne, qui essaie de répondre au besoin de vivre-ensemble de ses riverains ». 

Lire la suite en cliquant ci-dessous (La Vie du 12/03/2020)

Une rose blanche contre les extrémistes bouddhistes

© Thar Nge

En 2015, à Paris, des musulmans offraient des roses aux passants pour condamner l’attentat contre Charlie Hebdo et maintenir le lien. Des jeunes Birmans choqués par les attaques de fondamentalistes bouddhistes contre les musulmans ont repris l’idée avec succès.

 Ils sont arrivés à l’aube. Autour d’une table pliante, sous le soleil timide d’un matin d’hiver, une poignée de jeunes enlèvent avec soin les épines d’un monceau de roses. Puis un flot continu de familles, élégantes sous des ombrelles colorées, vient troubler le calme de la 59e  rue, dans le coeur du centre historique de Rangoun, capitale économique de la Birmanie.

UN SOURIRE ET UNE ROSE

 Aujourd’hui, elles célèbrent Mawlid, la naissance du prophète de l’Islam. Pour parer à l’affluence, des chaises en plastique et des écrans sont installés en dehors de la salle de prière de la mosquée. La première lecture terminée, six garçons et filles, pour moitié bouddhistes, entrent et distribuent des roses blanches aux fidèles musulmans en procession presque cérémonielle. Derrière chaque fleur tendue en guise de soutien, un sourire, une poignée de main, quelques mots échangés tout bas.

On a l’impression d’assister à la signature silencieuse d’une trêve…

Lire la suite de l’article ci-dessous (L’Echo magazine, février 2020)

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En Birmanie, l’artisanat offre un avenir durable aux familles précaires

© Thar Nge

L’entreprise de commerce équitable Pomelo forme des groupes de birmans marginalisés à la production et à la vente d’artisanat traditionnel et durable.

Les rickshaws soulèvent la poussière en klaxonnant dans un dédale de ruelles de terre. Les vendeurs de rue jouent des coudes pour proposer beignets et noix de bétel, protégés du soleil cuisant par des ombrelles colorées. Au cœur de Dala, petite ville située sur la rive sud du fleuve Yangon, en face du centre-ville de Rangoun, en Birmanie, se cache le repaire de l’association Chu Chu, qui valorise les déchets ménagers sous forme d’artisanat. À l’intérieur du local, bouteilles en verre et morceaux de polystyrène font office de fenêtres et de briques, le toit est fait de vieux pneus et
les abat-jour, de bambou et de plastique recyclé. Un joyeux bric-à-brac où s’affaire
Suan Hai, devant une machine à coudre…

Lire la suite en cliquant sur l’image ci-dessous (La Vie du 12/02/2020)

En Birmanie, une école de la réconciliation

En Birmanie, l’association Center for Social Integrity sensibilise à la cohésion sociale des jeunes originaires de minorités ethniques vivant en zones de conflit.  Son ambition : en faire les leaders d’une nouvelle société pluraliste et démocratique.

Cho Cho May n’avait jamais quitté l’Arakan, sa région d’origine. Ce terrain d’un conflit ayant récemment forcé à l’exil près de 800 000 Rohingyas fait l’objet d’enquêtes internationales. Mais aujourd’hui, l’ambiance est à la fête. La jeune femme de 18 ans, issue de la minorité ethnique persécutée, monte avec assurance sur l’estrade d’un centre de conférences, au cœur d’un quartier moderne de Rangoon, capitale économique de la Birmanie.  Sous les flashs et les applaudissements, elle brandit, émue, son diplôme du « programme de leadership transformationnel ». Derrière cet intitulé, se cache un programme de l’association birmane Center for Social Integrity (CSI), visant à sensibiliser des jeunes issus de minorités ethniques birmanes au pluralisme et aux outils de médiation sociale. « Je suis fière du chemin parcouru, confie-t-elle. Avant, j’avais peur de m’exprimer. J’écoutais beaucoup les autres, incapable de décider par moi même. Maintenant, j’ai envie de faire tellement de choses et j’ai réalisé que croire en moi-même était la plus importante d’entre elles ».

Lire la suite ci-dessous (La Vie n°3879 du 2 janvier 2020)

Yves Aubin de La Messuzière, un ambassadeur dans la tourmente

Diplomate français, expert du monde arabe, Yves Aubin de La Messuzière revient dans son ouvrage Profession diplomate sur sa carrière et les mutations du métier d’ambassadeur au cours des dernières décennies. 

Pour vous, l’ambassadeur d’aujourd’hui est « dans la tourmente». Aurait-t-il perdu son pouvoir de négociation, pourtant au cœur de sa mission ? 

Yves Aubin de La Messuzière : Le pouvoir des diplomates dépend étroitement des terrains d’action mais aussi de la dynamique insufflée au sommet de l’Etat. Jacques Chirac par exemple, appréciait beaucoup les ambassadeurs et les écoutait, ce qui n’était pas le cas de Nicolas Sarkozy, qui leur portait un certain mépris, considérant qu’ils étaient des exécutants. Aujourd’hui, il y a encore beaucoup de préjugés et d’ignorance sur le métier d’ambassadeur parmi les Français. Je me rappelle toujours d’une réflexion de Laurent Fabius : « Si vous ne donnez pas la priorité à l’économie, vous finirez par ressembler au Marquis de Norpois ». Il évoquait ce diplomate à la tasse de thé, au langage désuet et déblatérant des monceaux de sottises, personnage sorti d’A la recherche du temps perdu de Marcel Proust.  Image que se font beaucoup de Français d’un ambassadeur. Or, son rôle de négociateur est bien réel, surtout dans les situations de crise et de grande complexité.

Lorsque j’étais à Bagdad comme chargé des intérêts français – il n’y avait pas de représentation diplomatique à l’époque – je suis devenu un spécialiste des armes de destruction massive. Je suivais le travail des inspecteurs, ainsi que les questions d’acheminement de l’aide humanitaire, dans un pays sous embargo. A l’époque, il ne se passait pas un jour dans l’enceinte onusienne sans un débat sur l’une de ces deux questions. J’étais un acteur privilégié de la négociation, amenant Tarek Aziz et Sadam Hussein à accepter la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité, les persuadant que c’était dans leur intérêt d’ouvrir les palais présidentiels au contrôle des inspecteurs. Quelques années plus tard, c’est à nouveau les diplomates qui, en amont du célèbre discours de Dominique de Villepin à la tribune de l’ONU, ont fait un travail formidable auprès des membres du conseil de sécurité pour s’opposer au projet de résolution américano-britannique donnant l’aval à une intervention militaire en Irak. 

Vous évoquez la « diplomatie du téléphone» qui peut marginaliser les diplomates. Expliquez-nous. 

On observe depuis plusieurs décennies déjà que des situations de crise peuvent se résoudre par un coup de fil entre ministres et chefs d’Etat. Ces derniers sont aussi beaucoup plus mobiles. Emmanuel Macron a déjà presque fait le tour du monde, comme François Hollande l’avait fait avant lui. L’ambassadeur est souvent confronté à l’influence de la DGSE, du ministère de la défense, de Bercy et même de réseaux politico-financiers sur la diplomatie. C’était beaucoup le cas au moment de la Françafrique, les ambassadeurs du continent pouvaient être marginalisés. Pour autant sur le terrain, quand il s’agit de protéger les communautés françaises, d’obtenir des informations et échanger avec la société civile locale, l’ambassadeur est en première ligne. J’en ai fait l’expérience au Tchad. 

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Vents contraires sur l’éolien occitan

Le développement de l’industrie éolienne confronté à des protecteurs de la nature inquiets

L’Occitanie voit la transition énergétique en grand. La région ambitionne de devenir la première d’Europe à couvrir 100% de ses besoins énergétiques par la production locale d’énergies renouvelables à l’horizon 2050. Si le territoire, venté et ensoleillé, est particulièrement bien loti, relever le défi n’est pas une mince affaire. L’énergie éolienne couvre aujourd’hui l’équivalent de 8,5% de la consommation régionale. Avec le développement actuel, l’objectif -multiplier par 5 la production- serait ainsi atteint en 2140 !

Alors que les acteurs de la filière sont bien décidés à carburer, la valse des suspensions et annulations enraye la machine. « Il faudrait une levée des contraintes, une simplification des procédures administratives et relancer l’implication des services de l’Etat » analyse Mellyn Massebiau, déléguée régionale Occitanie de France Energie Eolienne. Compliqué alors qu’un vent de fronde souffle sur la filière.

Lire la suite ci-dessous (supplément de la Gazette de Montpellier n°1614)

Des compliments en classe et des bulletins comme jamais !

Dans les Hauts-de-Seine, nous avons mis nos pas dans ceux de Jean-Baptiste de La Salle, le fondateur des frères des Écoles chrétiennes qui, dès le XVIIe siècle, a semé un réseau éducatif des plus vivaces

« On leur donne de l’amour et elles poussent. Elles ne râlent pas,
ne polluent pas. » Assise dans la serre pédagogique de l’ensemble scolaire La Salle, à Igny (Hautsde-Seine), Clara chouchoute géraniums, framboises et surfinias blancs. Mains rougies par la terre, regard bleu perçant.


L’élève en première année de bac professionnel, mention horticulture, a pas mal butiné avant de se poser chez les frères des Ecoles chrétiennes. Aujourd’hui, elle apprécie de pouvoir étudier dans un cadre privilégié. « On n’est pas considérés comme des petits élèves à qui il faut bourrer le crâne. Les professeurs ne nous prennent pas de haut et ne sont pas avares en compliments. Je n’avais jamais eu un bulletin pareil », confie-t-elle en souriant.

« Nous avons beaucoup d’élèves en difficultés scolaires, qui ont des a priori négatifs sur l’Éducation nationale, précise Julien Martin, formateur en aménagement paysager. Quand on leur dit que ce qu’ils font est bien, ils sont souvent étonnés. On essaie vraiment de les revaloriser, de leur redonner goût à l’apprentissage ».

Lire la suite de l’article ci-dessous (La Vie du 17/10/2019)

L’écran méchant loup

Troubles de l’attention et du sommeil, addiction… La surexposition des enfants et des adolescents aux technologies numériques peut devenir un casse-tête. Comment mieux en encadrer l’usage ?

De l’agilité déconcertante avec laquelle les tout-petits manipulent la technologie, Mathilde a des exemples quotidiens. Lorsque son fils Marcel, 6 ans, parvient en quelques secondes à déverrouiller son Smartphone et à activer la lampe de poche là où elle avait échoué, elle dissimule difficilement ses sentiments mêlés de fierté et d’inquiétude : « Il n’essaye pas encore de tricher, mais il faudra vite mettre en place des systèmes de contrôle pour l’empêcher d’accéder à des contenus choquants. »

Jeux vidéo, poser les limites

À l’école aussi, le recours précoce aux écrans désarçonne les parents. « En CP, la maîtresse a mis en place des techniques éducatives qui passent par les tablettes, poursuit Mathilde. Je suis assez perplexe : c’est nécessaire, vu le monde dans lequel les enfants grandissent, mais ça me paraît tôt et ça génère le réflexe des écrans. » Un réflexe qui devient habitude. D’après Médiamétrie, 46% des 15-24 ans en France sont connectés sur leur Smartphone entre 18 heures et 22 heures. Confrontés à des mécanismes dont ils ignorent souvent les conséquences, les parents tergiversent. À plus forte raison face aux jeux vidéo.

Lire la suite dans La Vie n°3864 du 19 septembre 2019